Baudelaire n'a pas été seulement le présentateur du « peintre de la vie moderne », Constantin Guys. Il a été le chantre de la modernité. Non qu'il ait cherché, comme plus tard Rimbaud, à être « absolument moderne ». Mais il voulait accorder la poésie au rythme de la vie, en faire le miroir du présent en même temps que le miroir de lui-même.
Pourtant, le poète des Fleurs du Mal n'a cessé de se retourner vers le passé, et en particulier vers l'Antiquité gréco-latine. € Philoxène Boyer, qu'il accompagna dans ce que Claude Pichois a appelé « une bordée à Versailles », en 1853, il demandait encore plus tard des renseignements sur la Vénus de Milo. Son grand recueil poétique aurait pu rester intitulé Les Lesbiennes.
Lesbiennes antiques, la Sapho de « Lesbos », lesbiennes modernes ? la question rebondit. Elle est centrale pour quiconque lit et analyse l'œuvre de Baudelaire. C'est autour d'elle que Pierre Brunel a organisé les deux séries d'études réunies dans ce volume, sans souci d'exhaustivité, mais avec le désir de souligner d'autres « correspondances ».
Pierre Brunel, professeur de littérature comparée à l'Université Paris-Sorbonne depuis 1970, a été membre de l'Institut universitaire de France (1995-2005). Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont deux déjà sont consacrés à Baudelaire.